JEAN BESNARD (1889 – 1958)
"Dès mon enfance, j’ai rêvé d’être un artisan, l’artisan traditionnel, l’artisan populaire" [1]

JEAN BESNARD (1889 – 1958)

Jean Besnard nait à Paris en 1889. Son père Alain Besnard est un célèbre peintre, et sa mère Charlotte Dubray est sculptrice. Cette ascendance conditionna sans doute un goût de la création et une sensibilité artistique que Besnard dirigera vite vers la céramique. L’artiste racontera souvent que le choix de ce medium lui vient de l’enfance et des vacances familiales en Savoie, en Italie (à Volterra notamment), en Egypte ou en Inde. Avec, quelle que soit la destination, une admiration pour ces créations issues de techniques simples, rudes, sans fioritures.  Le potier rejoint ici le poète dans ce sentiment que "Créer, c’est toujours parler de l’enfance."[2]

 

Se consacrant entièrement à la céramique, ce métier qui l’attire pour sa pureté, celle de transformer la matière par la maîtrise du feu, Besnard est initié par les céramistes Paul Jacquet et Étienne Avenard. Ses premières pièces sont utilitaires, rustiques, comme celles vues dans son enfance. Ces primes réalisations évolueront vers une production céramique d’un caractère nouveau et empreinte de son identité lorsqu’il rejoint Avenard dans son atelier de Ville-d’Avray.

 

En 1922, l’atelier d’art Primavera édite ses créations pour Le Printemps et, à partir de 1923, Jean Besnard expose au Salon d’Automne, au Salon des Tuileries et au Salon des Artistes Décorateurs.

A l’Exposition des Arts décoratifs et industriels de Paris de 1925, l’artiste reçoit une médaille d’argent.

La même année, le céramiste créé sa société - Besnard et Cie - dont il installe ateliers et fours dans l’usine de l’ingénieur céramiste Paul Sailly, à Ivry-Port. Là, il fait évoluer ses émaux vers une palette atypique et personnelle qui égrène l’ocre, les verts, les roses mais aussi le platine et "le feu de l’or."[3]

En 1927, Jean Besnard invente même un nouvel émail "crispé", qui donne aux céramiques un aspect granité proche du galuchat et le rend célèbre, notamment en couvrant les "masques" qu’il réalise à partir de 1930.

 

Sous ces superpositions d’émaux, ses formes s’affirment également. Attaché aux gestes traditionnels, Besnard ne moule jamais ses pièces mais les tourne comme des générations de potiers avant lui. Les contours de ces pièces sont dès lors simples mais robustes et lui permettent d’expérimenter de nombreuses techniques de décorations. C’est ainsi que Jean Besnard grave sa terre d’encoches et des tries sur lesquelles jouent les teintes et la lumière, s’inspire du pointillisme ainsi et de la peinture impressionniste mais aussi de la Nature qu’il fait courir en formes animales et végétales stylisées sur les panses de ses vases.

 

L’artiste s’éteint à 69 ans à Nogent-sur-Marne, en novembre 1958. Ses céramiques sont aujourd’hui présentes dans les collections du Musée du Luxembourg, du Musée des Arts décoratifs de Paris ou du Musée des Beaux-Arts de Lyon. Humble et passionné, Jean Besnard est le trait d’union entre la tradition et la modernité de son temps. D’une rare profondeur sous des dehors parfois frustes, son œuvre de terre est "une délicieuse anarchie ; pleine de trouvailles a éloigné à jamais ce maître ouvrier de tout classicisme et c'est très bien ainsi."[4]

[1] phrase de l’artiste tel que citépar René Cavance dans son artice "Les poteries de Jean Besnard"in Mobilier et décoration : revue française des arts décoratifs appliqués,janvier 1939, page 160.

 

[2] Jean Genet in L'ennemidéclaré : Textes et entretiens choisis (1970-1983), Poche, 2010.

 

[3] Anne Lajoix in La Céramiqueen France 1925-1947, Presses De La Connaissance, 2000, page 53.

 

[4] Louis Cheronnet dans son articlesur le 24e Salon des Artistes Décorateurs in Art et décoration,1934, page 171.

Toutes les pièces de

JEAN BESNARD

Toute la collection
Aucune œuvre n'est disponible dans la collection